Que se serait-il passé si tu ne m'avais pas mise à la porte, ce soir là? Si tu avais fais attention à moi, si je ne m'étais pas enfuie? Je ne sais plus ce qu'il s'est passé. J'ai des bribes de souvenirs. Est-ce toi qui m'a jeté dehors, est-ce moi qui suis partie? Je sais que comme certains autres soirs, j'ai bu. Il y avait de la musique, beaucoup de monde.

Tu as embrassé cette autre fille, je te vois, clairement, l'embrasser. Un regard cynique en ma direction. Je vois ton rictus, encore. Et puis un vide.

Je me retrouve dans un bar. A côté d'un garçon, blond. 25 ans, environ. Etait-il à ta soirée? J'ai un verre à la main. On m'a toujours dit de me méfier des verres bus dans les bars. En même temps, on m'avait dit de ne pas boire, de ne pas fumer, de ne pas faire de stop, de ne pas parler avec des inconnus. Je l'ai fait, il ne m'est jamais rien arrivé. Je bois encore. Avant de perdre ce souvenir, je vois qu'il est aux alentours d'1 heure du matin, sur l'horloge d'en face.

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Je me réveille à moitié nue, sur un paillasson, au dernier étage d'un immeuble, recroquevillée en position du foetus. Une boule de vêtements à mes pieds. Plus d'argent, plus de portable, j'ai mal à la tête, la nausée, un lendemain de fête, c'est normal. J'ai froid et j'ai cette douleur dans le bas ventre. Je m'assied. Du sang a séché entre mes cuisses.
Des larmes coulent. Seules. Je n'ai pas envie de me rhabiller. Pas envie de sonner à cette porte, fermée. Je peux pas rester là. L'aube se lève. Je me lève, enfile un caleçon, et un jean vieux et troué masculin, déposés à mes pieds. Pas de soutien-gorge. Je porte un vieux tee-shirt de Billy ze Kick en XL. Pas à moi. En distingant mon reflet dans la porte d'en face je souris. J'ai l'air complètement dépravée. De vieilles baskets dégueulasses me servaient d'oreiller. Je les enfiles.


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Je descend l'escalier, le soleil brille. Je sens mauvais le sang séché et je vomis, dans le caniveau. Ca ne doit pas être la première fois de ma nuit, je me sens vidée.
Je suis à Noisy-le grand. Il est 9 heures. Une église sonne. J'arrive devant chez toi, après de longues minutes de marche. Je toque, tu réponds pas. Je sonne et la fille, toute apprêtée, m'ouvre la porte, puis s'en va vers l'arrêt de bus.

Je monte me doucher. Mon sac était resté ici. Plus d'argent, mais mon portable et mes papiers sont encore là. Ma serviette et un change.
Sous la douche, l'eau coule. Brûlante, sur ma tête, je descend le jet d'eau, le passe sur mes jambes. J'ai mal aux jambes, aux hanches, je m'assied dans la douche. Je prend ton savon, celui que j'aime tant, au bois de cèdre. Je me lave tout. Même les cheveux. Je passe entre les doigts de pieds. Je veux pas sortir de là, plus partir d'ici. Je suis chez moi. Ici. Enveloppée dans ma serviette j'admire mon reflet dans le miroir. Ma poitrine est griffée. J'ai l'air normale. Plus de mascara dégoulinant, je démêle mes cheveux.
Habillée avec mes vêtements, je sors de la salle de bain que j'ai transformé en sauna, comme à mon habitude.
Tu te lèves, je te salue, il ne s'est rien passé.


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